Rencontre-conférence avec Nicolas CHAIGNOT, dans le cadre du Printemps des Philosophes de Ribeauvillé
Nicolas CHAIGNOT est docteur en sciences politiques et en sciences sociales. Il est membre du Laboratoire de psychodynamique du travail et de l'action (CNAM - Paris) et par ailleurs, chercheur et intervenant indépendant en santé-travail.
Comment comprendre la crise actuelle du travail ? Quels sens donner aux transformations récentes des organisations du travail et à leurs
incidences en termes de santé mentale et physique pour les travailleurs salariés ? Durant les trois dernières décennies, les nouvelles formes d’organisation du travail ont profondément bouleversé le rapport travail et capitalisme. La subordination salariale, classique du contrat de travail, n’est plus seulement ce qui est aujourd’hui exigée de la part des travailleurs salariés. Ces derniers font de plus en plus l’objet d’une soumission inédite de leur subjectivité, une forme d’assujettissement qui est proche du paradoxe de la servitude volontaire posé jadis par Etienne de La Boétie.
La multiplication récente des pathologies mentales et psychosomatiques en situation de travail pose la question du consentement à cet esprit du capitalisme contemporain. La clinique du travail montre que les travailleurs salariés touchés par la maladie ont tenté de résister. Mais, les nouvelles formes d’organisation du travail les ont fait échouer à construire leur santé mentale et les ont parfois menés au pire : le suicide. Face à ce constat d’impuissance, le droit apparaît cependant comme un garde-fou indispensable pour protéger davantage la dignité des personnes et penser leur émancipation.